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Basile se redressa dans un bruit d'inspiration caractéristique. La poudre traversa sa narine en ravageant ses muqueuses. Il la sentit jusque derrière son œil, et elle retomba, lourdement au fond de sa gorge. Il posa son index sur les résidus de la trace blanche et le frotta contre sa gencive déjà à vif. Enfin, il froissa le morceau de papier enroulé, et passa le plateau à son voisin. Basile adorait ce rituel. Sortir la cocaïne du pochon, la travailler avec soin, pour dessiner quelques lignes régulières, rouler entre ses doigts un ticket de caisse, ni trop court, ni trop long, l'enfoncer dans son nez, le laisser se dérouler, pour qu'il se colle aux parois, et enfin, se pencher en avant pour aspirer avidement le poison blanc. Basile adorait la cocaïne, il aimait l'effet qu'elle avait sur lui, ce sentiment de confiance et de plénitude, comme s'il avait pu conquérir le monde en une seule nuit. Il aimait aussi la partager, avec ces gens, qui comme lui, vivaient dans l'excès. Il aimait la sensation de brûlure dans son nez, que ça lui fasse mal en passant, pour se sentir exister. Son cœur qui se mettait à battre rapidement, et ses yeux, qui d'un coup s'agitaient. Il oubliait toutes ses contradictions, son addiction profonde, et se laissait aller à la débauche, plongeait dans l'ivresse avec délectation. Depuis cette pièce éclairée au néon blanc, il pouvait entendre les basses résonner puissamment. Bientôt, il irait rejoindre la scène, s'installerait derrière les machines, et aucune drogue au monde ne pourrait lui procurer plus de plaisir que la musique qui s'écoulerait de ses doigts, jusqu'à la foule délirante qui en demandait toujours plus. Minuit ; Basile se leva, prit son verre, un gin tonique, qu'il avala d'une traite, et se dirigea, plus confiant que jamais, jusqu'à la porte dérobée, qui le mènerait à son public. Perché sur quinze centimètres de talons, maquillé comme une star, Basile se sentait pousser des ailes. Il avait encore dans la gorge la sensation amère de la blanche, et ses doigts frémissaient d'excitation. Toutes ses sensations étaient décuplées, délicieuses et débordantes. Son cœur battait au rythme des basses, le sol et les murs vibraient, il se laissa happer par cette délicieuse sensation de vertige, entraîné vers l'avant par une force irrésistible. Il grimpa sur la scène, frappa dans le dos de son prédécesseur, posa le casque sur ses oreilles, et dans un sourire démentiel, lança le premier morceau qui ferait sauter de joie cette foule ondulante en dessous de lui. Il fit glisser les boutons, en tourna un, lentement, et dans un sourire extatique, lança la première proposition. La nuit ne faisait que commencer.

Basile Hoelf

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